by Antoine Wojdyla, who is a researcher in physics and a crypto-anarchist whose secret goal is to subvert people's minds with awe and wonder by having them just looking at the world as it is..
J’avais une amie qui ne pouvait s’endormir sans la présence d’un bruit blanc, qu’elle produisait à l’aide d’une machine à cet effet.
J’éprouvais un certain mal à dormir moi-même, face à ce qui pour moi ressemblait au bruit sourd d’une autoroute.
Mais je compris plus tard, trop tard, que c’était le bruit des vagues qu’elle tâchait de convoquer, et qu’elle cherchait simplement à se rapprocher de la mer, afin de laisser divaguer le flot de ses pensées.
C’est depuis lors que j’aime à me promener sur les bords d’une plage les soirs de pleine lune, pour écouter le bruit des vagues et admirer ses reflets d’argents.
Car on assiste alors au combat de la gravité avec elle-même : on sait depuis Francis Ponge que l’eau n’obéit qu’à la pesanteur terrestre qu’à la pesanteur terrestre, tandis que ce sont la lune et le soleil qui commandent les marées et qui font naitre les vagues, avant que celles-ci ne s’échouent sur la rive dans cette lutte céleste.
Ce bruit sourd et soudain se répète infiniment, chaque fois différent, révélant les plus fines nuances dans ce qui ne semble être qu’un grondement informe et qui permet pourtant au monde d’émerger.
Ne parle-t-on pas d’ailleurs en physique quantique de réduction du paquet d’onde, qui donne l’occasion aux vagues de façonner le réel un fois pour toute?
Serait-ce un hasard si le bruit des photons sur un détecteur à avalanche évoquait le cliquetis des vagues qui se retirent sur les galets?
C’est le mouvement continuel vers l’avant des vagues qui leur permet de grignoter les vieilles roches, affinant toujours ces reliques du passé, pour qu’à la fin de nouvelles générations puissent jouer sur le sable qu’elles laissent derrières elles, et construire des châteaux du haut desquels l’avenir se dévoile.
I once had a friend who couldn’t fall asleep without the presence of a white noise, which she produced using a machine whose sole purpose was this.
I had a hard time to find sleep myself, with this noise that sounded like the noise of a nearby highway.
It’s only later on, too late, that it was the sound of the waves she was summoning, and that all she wanted to do was to get closer to the ocean, so that she could let her ideas flow freely.
It’s from this time that I like to stroll by the sea on nights where the moon is full, to listen to the sound of the waves and look at the silvery reflections.
It’s at this moment that we witness the battle of gravity with itself: we know from Francis Ponge that water obeys to terrestrial gravity, whereas the sun and the moon creates the tides from which the waves are born, before they wash upon the shore in a celestial struggle.
This muffled and sudden noise repeats ceaselessly, different every time, revealing the finest nuances among what seems to only be a shapeless rumble that nevertheless allows the world to surface.
Don’t we talk about the collapse of a wavefunction in quantum physics, that which allows the wave to shape reality once and for all? Is it only a coincidence that the noise of photons on an avalanche detector reminds us of the click of the waves as they withdraw from a field of pebbles?
It’s this continual forward motion of waves that allows them to slowly nibble old stones, ever refining these relics from the past, so that in the end new generations can play on the sand they leave behind, and build sandcastles atop of which they can have a glimpse of the future.
Antoine Wojdyla, 'Le bruit des vagues', aknownspace, 2020, 1, 12